Article de Florence EVIN (Le Monde) sur la page Samaritaine de SOS Paris Retour page Samaritaine de SOS Paris ou page cibles ou page actualités.

La Samaritaine version LVMH
rencontre un obstacle juridique

Le Monde | • Mis à jour le | Par

 Le débat sur le projet architectural visant à transformer la Samaritaine et ses dépendances en complexe commercial et social n'est pas clos. Le grand magasin, qui occupait 70 000 m2 en trois îlots, du Pont-Neuf à la rue de Rivoli, est fermé depuis 2005 à la suite de son rachat par le groupe LVMH. Mais le projet du groupe, qui a obtenu un permis de construire délivré par la mairie de Paris, vient de rencontrer un nouvel obstacle.

Le rapporteur public devant le Conseil d'Etat a demandé, lundi 24 février, l'annulation du rejet, le 4 juillet 2013, par le tribunal administratif, du référé intenté par deux associations de défense du patrimoine, la Société pour la protection des paysages et de l'esthétique de la France (SPPEF) et SOS Paris qui demandaient l'annulation du permis de construire. La procédure contre le projet de LVMH est ainsi relancée.

« ERREUR DE DROIT MANIFESTE »

Décrivant l'affaire comme « un contentieux dans le contentieux », le rapporteur public indique que le juge des référés du tribunal administratif qui, dans son ordonnance du 4 juillet 2013, rejette la demande des associations de suspendre le permis de construire délivré par l'arrêté du maire de Paris du 17 décembre, a « fait une erreur de droit manifeste ». Le rapporteur
La façade art déco de l'immeuble principal de la Samaritaine, vue du Pont-Neuf, à Paris en février 2010.
public demande au Conseil d'Etat d'annuler ladite ordonnance et de renvoyer le règlement au juge des référés , car « jusqu'alors, le refus n'a porté que sur le fait d'un dossier incomplet », précise-t-il. L'erreur qui aurait été commise dans l'envoi des courriers par les deux associations n'est pas retenue comme motif de rejet du référé des associations. « Il appartient à une personne qui reçoit une enveloppe vide de faire en sorte d'obtenir le contenu », indique le rapporteur public.

Quels sont les faits ? « Déposé en janvier 2013, dans les délais, précise Alexandre Gady, historien, président de la SPPEF, notre recours a été doublé d'un référé en suspension, en mai 2013, quand nous avons vu que les travaux de démolition allaient commencer. Fin juin, il a été rejeté par le tribunal administratif, non sur le fond mais sur un problème de courrier ». Pour autant, les deux associations ne renoncent pas à faire entendre leurs voix. Elles ne veulent pas admettre, malgré le permis de construire municipal, que la façade haussmanienne sur la rue de Rivoli soit démolie au profit d'un voile translucide, « jeu de vagues de verre sérigraphié », selon le projet de l'agence japonaise Sanaa choisie par LVMH, une agence qui a réalisé le Louvre-Lens.

TROIS IMMEUBLES DU XVIIE SIÈCLE

« Un rideau de douche » qui viendrait casser le rythme de la grande perspective de la rue de Rivoli, s'indigne Dominique Pélard, présidente de l'association Ensemble rue Baillet. Propriétaire au numéro 8, elle craint que les trois immeubles, du XVIIe
La maquette du projet de rénovation de La Samaritaine par l'agence japonaise Sanaa
siècle, les seuls encore debout dans la rue, ne soient « fragilisés par les travaux alentours au point d'être déclarés en péril » par la préfecture. L'immeuble art déco de la Samaritaine, classé monument historique, sera restauré dans les règles de l'art.

Le projet LVMH, confié à Sanaa, concerne la construction d'un ensemble ambitieux sur les deux pâtés de maisons situés à l'arrière du bâtiment art déco. Dont l'îlot circonscrit entre les rues de L'Arbre sec, de la Monnaie et de la rue Baillet, et ce jusqu'à la rue de Rivoli. « Agrégat typique du vieux Paris, cette partie pose problème puisqu'il s'agit de la détruire à 80 % », précise Alexandre Gady.

Au total, l'ensemble du périmètre restructuré serait alors distribué le long d'une voie, perpendiculaire à la Seine, aérée par trois patios. Le projet comprend 26 400 m2 de commerces, 20 000 m2 de bureaux, une centaine de logements sociaux, une crèche de 60 berceaux, un hôtel de luxe.

Chez LVMH, la direction fait savoir qu' elle ne fait « aucun commentaire tant que la décision du Conseil d'Etat n'a pas été prise. On ne change rien, on fait en sorte de faire avancer le projet. La Samaritaine ne va pas ouvrir avant 2016. Le projet a été totalement étudié et approuvé par les Bâtiments de France et les Monuments historiques. Tout ce qui a été décidé est validé. Il n'y a aucun bâtiment protégé dans ce qu'on a démoli ». Le Conseil d'Etat devrait rendre sa décision dans les quinze jours.

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